La visite du village est conduite par David Gomez de l’association Cruas patrimoines en fête.
Il commence par nous présenter les extérieurs de l’abbatiale, l’un des plus importants édifices romans du Vivarais.
Elle date pour l’essentiel de la fin du XIe s. et du XIIe s. Elle est de style roman lombard, avec « ses bandes lombardes » et ses dents d’engrenage largement employées sur le haut des murs des façades latérales, et sa tour ronde au lanternon ajouré de baies géminées. La façade occidentale est surmontée d’un clocher carré, plus dans la tradition de Vienne. Elle ouvre par un portail en plein cintre, large et profond, surmonté d’une belle archivolte à six lobes.
On poursuit par le vieux bourg qui s’est bâti autour de l’ancienne voie romaine d’Antonin le Pieux.
Sept milliaires ont été trouvés sur la commune.
Retrouvé en 1925 près des murs méridionaux de l‘église abbatiale, l’un des cinq milliaires d’Antonin le Pieux daté de 144/145. On peut y lire :
« A l’empereur César Titus Aelius Hadrien Auguste Antonin le Pieux, père de la Patrie, revêtu de la puissance tribunicienne pour la septième fois, consul quatre fois »
Puis : « 16 mille pas »
A noter que le pas romain mesure environ 148 cm ; donc 16 000 pas = 23,680 km d’Alba, la capitale de cité des Helviens.
(source : Carte archéologique de la Gaule, Ardèche, Cruas, notice J. Tardieu).
On y voit plusieurs échoppes médiévales avec étal en pierre et différents remplois.
On monte jusqu’au village médiéval couronné d’un château en partie ruiné dit « château des moines » qui servit de refuge aux religieux lors des débordements de la Crûle, inondant l’église de boue et de graviers ou encore pendant les périodes de troubles jusqu’au XVIIe s.
Il s’agit d’une annexe fortifiée de l’abbaye avec sa chapelle et de nombreux bâtiments entourés de tours et d’une muraille. Après 1680, certains moines prennent demeure dans les maisons du village s’éloignant de la vie en communauté.
La précédente municipalité y a mené un plan ambitieux de rénovation de l’habitat incitant plusieurs familles à revenir. Depuis le séisme du 11 novembre 2019, le « château des moines » ne se visite plus.
Un grand merci à Monsieur Gomez.
La randonnée démarre après la visite, en grande partie en sous-bois avec quelques perspectives sur les monstrueuses tours de la centrale de Meysse-Cruas et les imposantes carrières des cimenteries Lafarge. On monte jusqu’à la Grande Côte de Barrès qui porte bien son nom (cf. le profil !).
Le cheminement permet d’observer au sol de nombreux nodules et éclats de silex brun patiné blanc ivoire. On sait qu’il a été fortement utilisé dès le Paléolithique moyen sur de nombreux sites de la vallée du Rhône ou à proximité (Payre, grotte Mandrin, Soyons) pour y façonner toutes sortes d’outils.
La descente est raide sur la fin. Elle donne sur la route de Cruas à Saint-Vincent-de-Barrès, où subsistent d’importants vestiges des anciennes cimenteries du Vallon de Crûle qui ont fermé leurs portes en 1936. Cette vallée a longtemps été le poumon économique de Cruas.
On note au passage un ancien moulin de concassage du calcaire avant qu’il soit cuit dans les fours.